Situées sur la place Pierre Sémard, en plein cœur du centre historique de Béziers, les Halles municipales occupent une place centrale dans la mémoire collective et l’organisation urbaine de la ville. Construit il y a plus de 130 ans, ce bâtiment emblématique abrite aujourd’hui encore des commerçants de bouche dont certains sont installés là depuis plusieurs générations. Pourtant, malgré leur ancrage local et leur valeur patrimoniale, les Halles connaissent depuis plusieurs décennies un déclin progressif, lié à une perte d’attractivité du centre-ville.
Ce phénomène s’inscrit dans un mouvement plus large d’exode des classes moyennes et aisées vers la périphérie, amorcé après la Seconde Guerre mondiale et accentué par l’essor des zones commerciales en dehors du centre. La désertification progressive du cœur historique de Béziers a entraîné une fragilisation du tissu commercial, accentuant l’isolement et la perte de vitalité de certains équipements urbains, dont les Halles.
La réflexion architecturale proposée ici a été développée en 2018, dans un contexte où aucun projet de rénovation n’avait encore été engagé par la municipalité. Il s’agissait d’une démarche libre, menée en réponse à l’enjeu manifeste de redynamisation du centre-ville et à la nécessité de réinterroger les usages et le positionnement des Halles dans le parcours urbain. Cette étude s’inscrit en continuité avec les premières opérations de rénovation urbaine amorcées par la Ville de Béziers au début des années 2010, tout en explorant des scénarios plus ouverts sur les usages, les circulations et les liens culturels.
Le projet propose de restructurer le site existant en deux entités architecturales distinctes mais intrinsèquement liées par une nouvelle rue traversante. Cette intervention vise à désenclaver le bâtiment et à le réintégrer dans le flux piéton du centre-ville. La partie nord du bâtiment conserve sa vocation commerciale, tout en ouvrant largement les étals sur l’espace public et en proposant une extension verticale d’activités. En miroir, la partie sud est pensée comme un pôle culturel de proximité, accueillant expositions, événements et initiatives locales, afin de rétablir une offre culturelle dans un quartier qui en a été privé depuis plusieurs années.
Par cette recomposition, le projet cherche à faire émerger une synergie entre commerce de proximité et vie culturelle, à l’échelle du quartier comme à celle de la ville. Il propose une lecture renouvelée de ce patrimoine Biterrois, fondée sur l’ouverture, la réappropriation collective et la continuité historique des usages.